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"La bretagne" l'épave aux pieds des remparts du château de la Roche Goyon, Fort La Latte

La Bretagne - De la Gloire à la Tragédie : Le Récit Complet d'une Épopée Maritime


baie de la Fresnaye. Ancre en place © Jean Pierre Génar 2004
baie de la Fresnaye. Ancre en place © Jean Pierre Génar 2004

Saint-Malo, Bretagne - Au tournant du XVIIIe siècle, alors que les mers du monde étaient le théâtre d'aventures et de batailles épiques, un navire émergeait de l'obscurité de l'histoire pour devenir un symbole de la puissance maritime de Saint-Malo. Construit en 1711, La Bretagne, une frégate corsaire, a vécu une saga qui a oscillé entre la gloire et la tragédie. Aujourd'hui, nous vous emmenons dans un voyage captivant, révélant les détails de cette histoire époustouflante.


L'Âge d'Or de la Corsaire de Saint-Malo


La Bretagne, fièrement affichant le pavillon français, avait été construite à Saint-Malo par Julien Lebreton pour un coût de 57 677 livres. Avec sa capacité de 30 canons et un équipage de 216 marins intrépides, le navire était prêt à écumer les mers à la recherche d'aventures et de richesses. Lancé le 5 octobre 1711, il réalisa quelques prises avant de faire escale à Saint-Malo pour se ravitailler et déclarer ses trophées.


Armé pour la première fois, La Bretagne était en route vers la Mer du Sud, emmenée par son capitaine intrépide, Joseph Chauchard, sieur de la Vicomté. Le 9 décembre 1711, cependant, le destin tragique du navire allait se sceller.


Le Naufrage de La Bretagne - Un Récit Intime


Le naufrage de La Bretagne, longtemps enfoui dans les annales de l'histoire, a récemment été révélé grâce aux précieux documents d'archives conservés aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Le rapport du capitaine Joseph Chauchart, daté du 12 décembre 1711, est un document exceptionnel qui retrace minutieusement les circonstances entourant cette tragédie maritime.


Le récit du capitaine Chauchart commence par les retards causés par une partie de l'équipage qui était absente au moment du départ. Contraint de mouiller en rade de La Rance en attendant que l'équipage se rassemble, le navire était en proie aux éléments.


Finalement, La Bretagne appareilla en compagnie de plusieurs autres navires au Cap Frehelle. Cependant, le choix du mouillage s'est avéré être le prélude à la tragédie. La première ancre n'a pas tenu, obligeant le capitaine à jeter une seconde ancre pour empêcher le navire de dériver. C'était là le début d'une nuit tumultueuse.


Le capitaine a tiré des coups de canon et allumé des feux de détresse pour appeler à l'aide, mais la violence du courant et du vent a empêché les chaloupes des autres navires de lui porter secours. La chaloupe du navire Saint Joseph, qui avait jeté l'ancre à proximité, n'a pas pu aider en raison du courant rapide.


Finalement, la chaloupe de La Bretagne a coulé, tandis que celle du Saint Joseph a été sauvée. Cependant, une chaloupe de chasseur en bateau de Dinard est restée introuvable, perdant son équipage. Malgré les efforts héroïques du capitaine Chauchart, le navire a continué de dériver et a finalement touché les rochers de la pointe du château.


Malgré les tentatives désespérées pour alléger le navire, il fut submergé et les marins durent abandonner le bateau, passant la nuit sur la côte.


Un Trésor Sous-Marin Sous l'Épave


Aujourd'hui, l'épave de La Bretagne repose à une profondeur de 8 mètres dans la Baie de Fresnaye. Des opérations de prospection menées par le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM) en 2004 et 2005 ont révélé des détails fascinants. Les vestiges de la structure, la coque en bois, des canons en fer, des ancres, de la vaisselle et des fragments de bois ont été découverts, témoignant de la vie à bord du navire au début du XVIIIe siècle.


Malheureusement, le passage du temps et les conditions environnementales hostiles ont eu un impact sur l'épave. L'effet du courant sur les faibles fonds a provoqué une importante oxygénation du milieu, accélérant la détérioration des métaux, des alliages et des vestiges divers.




Un Héritage Maritime Précieux


Le naufrage de La Bretagne, malgré sa tragédie, demeure un rappel poignant de l'âge d'or de la corsaire de Saint-Malo, une époque où des marins courageux comme ceux de La Bretagne sillonnaient les mers à la recherche d'aventure et de richesses. L'épave, en tant que témoin silencieux de ces temps anciens, demeure un trésor précieux pour la Bretagne et un rappel émouvant de l'héritage maritime de la région.




Cette histoire, allant de la gloire à la tragédie, capture l'essence de la vie maritime du XVIIIe siècle, faite de bravoure, d'audace et de défis incommensurables. La Bretagne, que le temps a coulée dans les profondeurs de la Baie de Fresnaye, perdure comme un symbole de la grandeur maritime de Saint-Malo, rappelant aux générations futures la vaillance des marins qui ont jadis hissé ses voiles vers l'inconnu.



Un Capitaine en Quête de Nouvelles Aventures : Joseph Chauchard de la Vicomté après "La Bretagne"


Après le naufrage du navire La Bretagne, le capitaine Joseph Chauchard de la Vicomté a continué à exercer ses fonctions en mer. En 1721, il a pris le commandement de la frégate Danaé, appartenant à la Compagnie des Indes françaises. Cette frégate, d'une capacité de 550 tonneaux et équipée de 32 canons, a quitté Lorient le 7 mars 1721 pour se rendre à l'archipel de Poulo-Condore, situé au sud de la Cochinchine (actuellement au Vietnam). La mission de Joseph Chauchard de la Vicomté était d'évaluer la possibilité d'établir un comptoir français dans cet archipel stratégiquement situé sur la route maritime entre l'Europe et la Chine.


La mission a duré plusieurs mois, avec le père Jacques, un missionnaire de la Compagnie de Jésus, qui a relaté l'occupation anglaise passée de l'île de Poulo-Condore. Cette île avait été achetée par les Anglais au siècle précédent, mais ils avaient été contraints de quitter la région après un massacre en 1705. Depuis, l'île était sous la domination des Cambodgiens.


Le retour de Joseph Chauchard de la Vicomté en Bretagne s'est effectué en juillet 1723. À son retour, le commis Renault, également membre de la mission, a rédigé un mémoire dans lequel il exprimait un avis pessimiste quant à l'implantation de la Compagnie des Indes dans l'archipel de Poulo-Condore. Il a décrit l'île comme inhospitalière, stérile, et difficile à fortifier. Il a souligné les défis logistiques et les dangers liés à la région, notamment les moussons, les navires malais, et les relations potentiellement hostiles avec les rois des pays voisins.


Le commis Renault a fortement recommandé l'abandon de l'île, et sa conclusion était claire : l'île de Condore était plus propice à l'abandon qu'à l'occupation.


Après ce rapport pessimiste et en raison de divers facteurs, la Compagnie des Indes n'a pas entrepris de projet d'installation en Cochinchine et à Poulo-Condore à ce moment-là. Il a fallu attendre plusieurs décennies, jusqu'en 1743, pour que la région de la Cochinchine attire à nouveau l'attention des explorateurs français, avec l'intervention du neveu de Dupleix, Friell.


L'équipage de la Danaé est connu grâce aux rôles d'équipage conservés au Service historique de la Défense à Lorient. La mission s'est apparemment déroulée sans incident majeur, avec seulement sept décès enregistrés dans ces rôles. Cependant, des maladies et des décès sont survenus en cours de route, et il est probable que des soldats et passagers aient également été touchés.


​Caractéristiques

​Détails

Nom principal

La Bretagne

Autres noms

Le Grande Bretagne

Port d'attache

Saint Malo

Borne chronologique inférieure

1711

Borne chronologique supérieure

1711

Chronologie

Époque moderne

Historique

Construit en 1711, La Bretagne était une frégate corsaire originaire de Saint-Malo. Armé par Julien Lebreton pour la somme de 57 677 livres, ce navire de 30 canons comptait 216 hommes d'équipage et pouvait transporter 300 tonneaux de marchandises. Lors de son naufrage, il avait entamé sa toute première mission couronnée de quelques succès. Mis à l'eau le 5 octobre 1711, le navire avait fait escale à Saint-Malo le 6 décembre 1711 pour déclarer ses prises et se réapprovisionner.

Construction

Chantiers de Saint-Malo (France)

Année de lancement

​1711

Caractéristiques

Catégorie

Navire de guerre

Fonction

Corsaire

Type

Frégate

Type de propulsion

Voile

Armement

30 canons

Capacité

​300 tonneaux

Information sur le naufrage

Date

9 Décembre 1711

Année de l'événement

1711

Appareille de

Saint Malo

Pour

Mer du Sud

Nom du capitaine

Joseph Chauchard de la Vicomté

Pavillon

Français

Description de l'événement

La Bretagne, avec un équipage réduit, quitta la rade de Rance en direction de la Baie de Fresnaye. Le 9 décembre, le navire jeta l'ancre au pied du château de la Roche Goyon, aux côtés d'autres bateaux. Malheureusement, sous l'influence combinée du vent et des courants puissants, les deux ancres ne purent empêcher le bateau de s'écraser contre les rochers. Heureusement, l'équipage fut secouru, mais seules quelques assiettes et plats en étain purent être récupérés.

​Description du site (épave de La Bretagne)

Circonstance de découverte

​Prospection

​Profondeur

8 m

Nature du fond

Fond Sableux et rocheux

​Historique du site

Lors des campagnes de prospection menées par le DRASSM en 2004 et 2005, une zone de 250 mètres sur 100 mètres a été explorée.

Description des vestiges

Sous l'influence des marées, la coque du navire s'est fragmentée en gros éléments de structure, emportant avec elle les canons ainsi qu'une grande partie du mobilier. La proximité du site avec le rivage a probablement encouragé le pillage de l'épave. Cependant, lors des explorations en 2004-2005, trois canons en fer, deux ancres, de la vaisselle, ainsi que des fragments de bois furent découverts. De plus, des pêcheurs ont régulièrement remonté du bois dans leurs filets, témoignant de la présence de l'épave. Malheureusement, l'action combinée du courant et de l'oxygène a accéléré la détérioration des métaux, des alliages et des artefacts.

Coque

Bois

Les rôles de l'équipage de la frégate "La Bretagne" :

Catégorie

Nombres d'individus

Premiers officiers Majors

Capitaine

​Joseph Chauchard Sieur de la Vicomté de Saint Malo

2 seconds Capitaines

​Étienne La Doyer Dejoi, de Guimont Dejoi

Officiers de marine

Lieutenants

8

Enseignes

6

Aumônier

1

Chirurgiens

1

Maîtres

7

Contresmaîtres

7

Capitaines de manoeuvre

8

Bosses

7

Quartiers maîtres

2

Canonniers

4

Charpentiers

2

Voilier

1

Tonnelier

1

Maîtres d'hôtel

2

Infirmier

1

Aides chirurgiens

2

Matelots

36

Détachement de St Brieuc

38

Détachement de Dinan

23

Détachement de Granville

21

Volontaires de Saint Malo

26

Mousses

2



Sources :


° Livre "Les fabuleux trésors engloutis de la Baie de Saint-Malo" de Emmanuel Feige, éditions Cristel







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