Siméon de Garengeau, le fortificateur du château de la Roche Goyon en Fort La Latte
Qui était Siméon De Garengeau ?
Siméon Garengeau ©château de la Roche Goyon
Siméon Garengeau : L'Ingénieur Militaire qui a Défendu Saint-Malo
Siméon Garangeau ou Garengeau, né à Paris en 1647 et décédé le 25 août 1741 à Saint-Malo à 94 ans, fut un personnage remarquable de son époque en France. Ingénieur militaire et architecte de renom, il laissa une empreinte indélébile sur la défense des côtes françaises et la conception de monuments religieux. Sa vie et son œuvre sont dignes d'une exploration plus approfondie.
Jeunesse et Formation
Siméon Garangeau était le fils unique de François Garangeau, maître-menuisier, et de Marie Dubois. Après avoir perdu son père en 1698, il fit preuve d'une générosité rare en renonçant à sa part d'héritage en faveur de ses cinq sœurs, trois étant mariées et deux religieuses à Saint-Cloud. Cette décision témoigne de sa dévotion envers sa famille et de son caractère désintéressé.
La Carrière Militaire et le Virage vers l'Architecture
Sa carrière militaire commença en tant que volontaire lors du siège de Maastricht en 1673. Il gravit ensuite les échelons pour devenir capitaine du régiment de Champagne. Cependant, une blessure le contraint à quitter le service actif. Heureusement, ses compétences en dessin géométrique, héritées de son père, le dirigèrent vers le domaine des arts.
Après avoir voyagé en Italie et en Angleterre pour parfaire son art, il devint architecte à Paris en 1677. Un an plus tard, il fut nommé contrôleur des bâtiments de Versailles et de Fontainebleau, ainsi qu'ingénieur du Roi à 31 ans, sous le règne de Louis XIV. Cette transition vers l'architecture allait devenir le tournant de sa carrière.
Les Réalisations Majeures
Siméon Garangeau supervisa de nombreux projets majeurs tout au long de sa vie. Parmi ses réalisations les plus notables figurent :
1. L'église Saint-Louis de Brest : Pendant son service à Brest, il conçut cette église, un témoignage de son talent architectural.
2. Les fortifications de Saint-Malo : Il fut nommé ingénieur en chef et directeur des fortifications de Saint-Malo en 1691. Ses ouvrages défensifs contribuèrent à repousser avec succès deux attaques maritimes anglo-hollandaises en 1693 et 1695.
3. Aménagements urbains : Il supervisa les agrandissements de Saint-Malo et de Saint-Servan, ainsi que la canalisation du Couesnon et des marais de Dol.
4. Monuments religieux : Garangeau conçut les églises de Saint-Servan, de Cancale, et l'église Saint-Sauveur de Saint-Malo.
5. Châteaux et forts : Il travailla sur plusieurs châteaux, forts, et tours à feux le long des côtes, dont le fort de l'île Harbour, le fort National, le réaménagement du château de la Roche Goyon, le fort du Petit Bé, le fort du Grand Bé, le fort de la Conchée, le fort de l'Île aux Moines, le château du Taureau et le fort de l'Arboulé.
Malgré le fait que ses ouvrages défensifs n'aient pas été entièrement achevés, ils ont néanmoins joué un rôle crucial en repoussant avec succès deux attaques maritimes anglo-hollandaises sur Saint-Malo, la première du 23 au 30 novembre 1693 et la seconde du 14 au 18 juillet 1695. En reconnaissance de ses compétences exceptionnelles en ingénierie, en 1708, il fut gratifié d'une rente annuelle de 3 800 livres, montant qui fut porté à 4 000 livres en 1717.
Plan du fort propozé sur la grande isle du Rimen scize dans la radde de Cancale... 1704 - BNF - [Division 2 du portefeuille 44 du Service hydrographique de la marine consacrée à la baie de Cancale] ; 06 D
Fin de vie
Garengeau meurt à son domicile au 2e étage de la rue Saint-Vincent à Saint-Malo le 25 août 1741 à l’âge de 94 ans [PETOUT P., « L´ingénieur Garangeau à Saint-Malo (1689-1741) », Annales de la Société d´Histoire et d´Archéologie de Saint-Malo, 1989, p. 199.].
Il est appelé l' écuyer Siméon de Garengeau, chevalier de Saint-Louis, Capitaine au régiment de Champagne, directeur des fortifications de la Haute-Bretagne dans son acte de décès.
Il n'aura ni femme, ni descendances.
Signature de Siméon Garengeau, ingénieur du roi, le 15 juillet 1696 à Saint-Malo. Archives Nationales, D-2-22, pièce 29.
Héritage
Siméon Garengeau laissa derrière lui un legs durable dans le paysage architectural et militaire de la France du XVIIe siècle. Son dévouement envers sa famille et sa nation, ainsi que ses réalisations remarquables en tant qu'architecte et ingénieur militaire, font de lui une figure incontournable de son époque. Sa contribution à la défense de Saint-Malo contre les attaques ennemies demeure l'un des faits saillants de sa carrière, rappelant son dévouement envers la sécurité de son pays.
Aujourd'hui, son œuvre perdure à travers les monuments et les fortifications qu'il a conçus, témoins silencieux de l'ingéniosité et du dévouement d'un homme qui a marqué son époque.
Le nom de Siméon Garengeau est trop souvent éclipsé par celui de Vauban dans l'histoire de l'architecture militaire. Pourtant, Garangeau mérite d'être reconnu et célébré pour sa contribution significative à cet art crucial.
Durant cette époque (XVIIe - XVIIIe siècle) marquée par les conflits incessants et les nécessités de fortifications, Siméon Garengeau émergea comme un esprit brillant dans le domaine de l'architecture militaire en France. Il était un contemporain de Sébastien Le Prestre de Vauban, un nom bien plus célèbre, grâce auquel l'expression "style Vauban" est désormais largement reconnue.
Cependant, il serait injuste de négliger le travail remarquable de Garengeau. En effet, il a joué un rôle essentiel dans la conception et la construction de nombreuses fortifications, contribuant ainsi à la défense du royaume de France. Ses réalisations sont parfois considérées comme étant en avance sur son temps, utilisant des idées novatrices pour renforcer les places fortes et les citadelles.
L'histoire devrait se souvenir de Siméon Garengeau non seulement en tant qu'élève de Vauban, mais aussi en tant qu'architecte militaire talentueux en son propre droit. Son travail a contribué à la sécurité de la France à une époque où les menaces étaient constantes, et il mérite une place légitime dans les annales de l'architecture défensive. Il est temps que son nom soit rappelé et honoré aux côtés de celui de Vauban pour sa précieuse contribution à l'histoire de l'architecture militaire.
À ce jour, aucun portrait, tableau ni autre représentation visuelle de Siméon Garengeau n'ont été découverts, laissant son image personnelle dans l'ombre de l'histoire.
Le phare Vauban de Siméon Garengeau
Le phare du Cap Fréhel. 1887 - ©Archives Départemental des Côtes d'Armor, S supplément 561, Hauteur de 62 cm / Largeur de 83,5 cm / Planche d'aquarelle projets d'aménagement avec vues générales du phare au Cap Fréhel / Planche extraite d'un atlas de 22 planches constitué par la subdivision des phares et balises de Lézardrieux à la fin du XIXe siècle
Le phare Vauban de Siméon Garengeau à Plévenon, sur la pointe du Cap Fréhel est bien plus qu'un simple édifice de navigation. Érigé entre 1701 et 1702 sur ordre de Louis XIV et de Vauban et conçu par l'ingénieur du roi, Siméon Garangeau (1647-1741), il symbolise lui aussi la puissante combinaison de l'ingénierie militaire et de l'architecture. Sa vocation première était de compléter la défense côtière et de servir d'avertissement contre les attaques potentielles de la flotte anglaise.
Siméon Garangeau, déjà célèbre pour ses travaux sur les remparts de Saint-Malo et de nombreux forts côtiers (comme écrit plus haut), appliqua rigoureusement les méthodes du Département des Fortifications de terre et de mer pour la construction de ce phare. Il se basa sur le modèle de la "tour à feu" qui était à la fois une tour de guet et phare, élaboré par Vauban pour les points les plus stratégiques de la côte bretonne.
Cette imposante tour ronde, dotée d'un escalier en colimaçon, abritait sur trois niveaux les magasins et le logement du gardien. Le rez-de-chaussée servait à stocker le charbon, le niveau supérieur était destiné au corps de garde en temps de guerre, tandis que le gardien résidait au sommet de la tour, chargé de maintenir le feu en marche. Le brasier, alimenté par du bois et du charbon, brûlait à l'air libre dans un réchaud en fer situé au sommet de la structure.
Au XVIIIe et au début du XIXe siècle, le phare joua un rôle stratégique majeur dans la navigation, comme en témoigne sa présence sous le nom de Fanal sur une carte illustrant une tentative de débarquement anglais dans la baie de Saint-Malo. Le Cap Fréhel, idéalement situé entre la baie de Saint-Brieuc et la rade de Saint-Malo, servait de repère essentiel pour les navigateurs souhaitant accoster dans le grand port de commerce de Saint-Malo, dont l'accès se faisait d'ouest en est, entre les récifs.
Cependant, l'approvisionnement en charbon, nécessaire pour maintenir le feu, posa rapidement problème. En 1774, une solution novatrice fut mise en place, s'inspirant des réverbères utilisés pour l'éclairage des rues. Une lanterne vitrée abritait soixante becs à réverbères alimentés par de l'huile de poisson ou d'autres sources. Chaque lampe était équipée d'un réflecteur métallique, disposé sur trois rangs superposés, pour éclairer les trois quarts de la circonférence tournés vers la mer. Cependant, malgré les tentatives de mélanger différentes huiles, les résultats étaient souvent entravés par la fumée sur les parois, rendant cette méthode imparfaite.
À partir de 1793, l'État prit en charge tous les frais de fonctionnement, assurant l'entretien par un entrepreneur privé qui fournissait de l'huile de colza de meilleure qualité, employait deux gardiens, et prenait en charge les réparations nécessaires aux bâtiments et à l'appareil d'éclairage.
En 1821, une avancée technologique significative fit son apparition avec un mécanisme d'horlogerie permettant de faire tourner le phare. Cela se traduisit par un éclat lumineux long toutes les 135 secondes, augmentant ainsi l'intensité lumineuse à 21 milles au large. Cette amélioration fut rendue possible grâce à l'ajout de huit grands réflecteurs paraboliques de 60 cm de diamètre.
Durant la seconde Guerre Mondiale, les allemands ont détruit le phare du XIXe siècle, le service des Phares a pris l'initiative d'installer un feu provisoire sur la tour Vauban de Siméon Garengeau qui avait elle, miraculeusement survécu aux ravages de la guerre, pendant que les gens du pays construisaient un nouveau phare plus moderne.
Le phare Vauban de Siméon Garengeau à Plévenon a demeuré pendant longtemps être un pilier essentiel pour la navigation dans la région, alliant l'ingénierie militaire à la sécurité maritime.
« Élévation de la tour proposée a faire sur l’isle de Bas, seize a une demye lieue a la mer au environ au devant de Roscou pour servir de fanal pour la seureté de la navigation » - Archives départementales d'île et Vilaine
projet du phare de Batz similaire à celui du Cap Fréhel et le phare du Stiff sur l'île de d'ouessant magnifiquement bien restauré.
Source :
La liste des personnes mentionnées dans cette chronique :
1. Siméon Garengeau (ou Garangeau), ingénieur militaire et architecte de renom, protagoniste principal du texte.
2. François Garangeau, père de Siméon Garengeau, maître-menuisier.
3. Marie Dubois, mère de Siméon Garengeau.
4. Cinq sœurs de Siméon Garengeau, dont trois mariées et deux religieuses à Saint-Cloud.
5. Louis XIV, roi de France sous le règne duquel Siméon Garangeau a travaillé comme ingénieur du roi.
6. Vauban, ingénieur militaire et architecte sous Louis XIV.
Ces personnes sont principalement liées à la biographie et à la carrière de Siméon Garengeau, mettant en lumière son impact significatif sur l'architecture militaire et les fortifications en France.
En plus des personnes mentionnées précédemment, voici les entités et lieux cités dans le texte sur Siméon Garengeau :
1. Paris : Ville de naissance de Siméon Garengeau.
2. Saint-Malo : Ville où Siméon Garengeau est décédé et où il a largement contribué aux fortifications.
3. Siège de Maastricht (1673) : Événement militaire auquel Siméon Garengeau a participé comme volontaire.
4. Régiment de Champagne: Unité militaire dans laquelle Siméon Garengeau a servi en tant que capitaine.
5. Italie et Angleterre: Pays visités par Siméon Garengeau pour parfaire son art.
6. Versailles et Fontainebleau: Lieux où Siméon Garengeau a été nommé contrôleur des bâtiments.
7. Église Saint-Louis de Brest: Une des réalisations architecturales de Siméon Garengeau.
8. Fortifications de Saint-Malo : Projets défensifs dirigés par Siméon Garengeau.
9. Saint-Servan : Lieu des aménagements urbains supervisés par Siméon Garengeau.
10. Cancale : Lieu de réalisation d'une église par Siméon Garengeau.
11. Église Saint-Sauveur de Saint-Malo : Autre réalisation architecturale de Garengeau.
12. Fort de l'île Harbour, fort National, château de la Roche Goyon, fort du Petit Bé, fort du Grand Bé, fort de la Conchée, fort de l'Île aux Moines, château du Taureau et fort de l'Arboulé : Forts et châteaux travaillés par Siméon Garengeau.
13. Couesnon et marais de Dol : Sites de projets d'aménagement dirigés par Garengeau.
14. Phare du Cap Fréhel : Construction conçue par Siméon Garengeau.
15. Phare de Batz et phare du Stiff sur l'île d'Ouessant : Autres projets de phares similaires à celui du Cap Fréhel.
Ces lieux et entités sont significatifs pour comprendre l'étendue de l'œuvre de Siméon Garengeau et son impact sur l'architecture militaire et civile de la France du XVIIe siècle.
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